dimanche 28 juin 2015

Découverte du mur à inertie et du terre-paille banché


Au mois de mai nous avons passé deux semaines chez Carole et Frédéric pour le chantier de leur maison qu'ils auto-construisent tous les deux dans le Périgord Vert. Ils ont choisi la technique Greb pour la structure. Celle-ci consiste à monter une ossature bois qui va recevoir des petites bottes de paille pour l'isolation. Au fur et à mesure que les lignes de bottes montent il faut couler dans un banchage, de chaque côté, un béton de chaux qui sera enduit en terre par la suite. 

Le large pignon orienté sud avec sa grande surface vitrée correspond aux critères de maisons bioclimatiques. Le large débord de toit limite suffisamment les chauds rayons du soleil estival Périgordin. Dans cette région les toits sont recouverts de tuiles (traditionnellement plates).  
 Au moment de notre venue, Carole et Frédéric en étaient, entre autres, au remplissage des deux murs de refend (murs porteurs) au milieu de la maison. Un mur sera à inertie pour stocker et diffuser doucement de la chaleur, l'autre sera plutôt une isolation thermique.   


Pour la réalisation du mur à inertie nous avons fait un mélange avec approximativement 90% de terre, 10% de paille et un peu d'eau. Le tout doit avoir la bonne consistance pour former une boule qui se maintienne assez et ne s'étale pas quand on la laisse tomber à nos pieds. Ce mur à inertie va à la fois stocker la chaleur du soleil traversant les grandes baies vitrées du sud et à la fois stocker de la chaleur provenant des tuyaux rouges. Ceux-ci seront alimentés par de l'eau chaude comme pour un plancher chauffant. C'est ici un mur chauffant ! Pour la mise en œuvre, nous banchons (pose de plaques en bois) de chaque côté de l'ossature pour la remplir de notre mélange. Pour plus d'inertie nous rajoutons des pierres au milieu du banchage. Celles-ci, en plus de la terre, vont ensuite diffuser la chaleur dans les pièces de chaque côté du mur. Nous débanchons dès le remplissage terminé. Et alors là, ça nous fait le même effet que quand on démoule un gâteau : on est fier de nous, ça tient et c'est tout beau ! Le mur est rempli par lignes horizontales, et chaque nouvelle ligne est commencée lorsque la précédente est presque sèche (période qui peut être d'une semaine). Il faut donc s'armer de patience, tout comme le remplissage d'une banche où il faut alterner pâtés de terre et pierres sans qu'elles ne touchent ni le tuyau ni le bord des banches ! Un vrai Tetris !  Ensuite le mur sera recouvert d'un enduit. Les montants en bois peuvent aussi être laissés apparents.                                                     






Tout le monde participe à la recherche de pierres pour le mur à inertie  : même Pluto gratte et trouve ! Nous cherchions sur le gros tas de terre qui a été décaissée pour les fondations de la maison.

Pendant qu'une ligne de mur en terre et pierres séchait nous nous occupions du second mur de refend, celui-ci rempli d'un mélange dit "terre-paille".


Pour obtenir cette matière nous trempions de la paille dans une baignoire d'eau argileuse (ici de couleur grise) puis nous l'égouttions par dessus une seconde baignoire pour ensuite en faire un tas sur une bâche que nous refermions bien. Le mélange reste sous bâche pendant 12 à 48 heures, selon la météo, pour qu'il fermente un peu afin de s'assouplir et que les brins de paille adhèrent les uns avec les autres.


Note : le procédé d'obtention du mélange terre-paille varie en fonction du résultat voulu : isolation thermique et/ou phonique.
Entre parenthèses, nous en avons vu d'autres dans nos chantiers suivants.

Ensuite, le remplissage se fait rapidement entre deux grandes banches. Nous tassions le terre-paille au fur et à mesure avec les poings puis, une fois ce banchage rempli, nous l'enlevions immédiatement pour le replacer plus haut et à nouveau le remplir. Technique bien plus rapide par rapport au mur à inertie ! Ce mélange terre-paille est un bon isolant thermique et phonique (selon qu'il soit plus ou moins argileux, etc) ! Un enduit peut aussi facilement y être appliqué.  

Immédiatement après le remplissage et débanchage, le terre-paille se tient. C'est magique !

Et quelques jours après, des champignons poussent et les quelques grains de blé restants dans la paille germent ! Mais pas de panique, c'est normal, et quand ils seront tout secs, alors le mur terre-paille le sera aussi et il sera près à être enduit. Au passage, les pousses tendres de blé sont très bonnes à manger (venant de paille bio, bien sûr !).
Les derniers jours nous avons fixé des suspentes au plafond. Elles vont recevoir des rails pour ensuite y fixer du Fermacell (placo écologique en gypse de cellulose). Pas forcément simple de faire un bon calepinage (calcul des emplacements des suspentes les unes par rapport au autres).
 
Céline (une bénévole comme nous) et moi, aux fixations des suspentes.

Un grand merci à vous deux, Carole et Frédéric, pour ce partage de vie de chantier et de vie quotidienne. Plusieurs changements chez nous deux s'opèrent depuis notre passage avec vous : arrêt des produits laitiers pour moi, entre autres... Merci pour tout ça !

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