J+365 : déjà un an de voyage ! Petit bilan...

Samedi 23 mai 2015, J+365 depuis notre départ de Treillières, la petite ville au nord de Nantes où nous avons résidé quelques années. Une année de voyage, de découvertes, d'apprentissages, de rencontres, de voyages intérieurs, de découverte de soi...

Ce 23 mai 2015, nous sommes dans le Périgord Vert en Dordogne, sur le chantier de Carole et Frédéric, les mains dans la paille et la terre, les pieds ancrés à la Terre et la tête reliée à l'Univers dans tous les sens du terme !

Sur le chantier de Carole et Frédéric

Mais revenons sur ces 12 premiers mois de notre Suite de Vie, comme nous aimions au début nommer cette nouveauté pour nous. Maintenant nous l'appelons plutôt Voyage, avec bien d'autres significations que le voyage touristique (mais ce dernier n'est pas en reste non plus) ! Ou bien encore nous aimons dire que nous faisons "nos pas de côté", le titre de ce blog d'ailleurs. À la fin de notre séminaire/stage à la Maison Autonome l'été 2013, chacun(e) dans le groupe avait choisi un ou des "pas de côté" à réaliser, à plus ou moins long terme (voir les détails de notre passage à la Maison Autonome >> ici << ). Là, je crois bien que nos pas de côté souhaités ce jour là ont été accomplis avec succès et bien au delà ! A ce moment là nous n'avions pas idée du cours qu'allait prendre notre vie... 

Je (moi, Charlotte) vais essayer de dresser un bilan de cette année passée, de mon point de vue.

La première chose qui me vient à l'esprit est la suivante : la décision de quitter mon travail en début d'année 2014 a été très dure. Des questions me torturaient l'esprit. Qu'est ce qui m'attend réellement après ? En suis-je capable ? Que va-t-on penser de ma décision, de moi, de mon avenir ? Mais, à l'intérieur, une partie de moi-même savait que c'était la bonne décision. Si l'autre partie de moi, indécise, avait vraiment écouté les inquiétudes et parfois même les prédications d'échec de certains, alors j'en serais toujours au même point qu'il y a plus d'un an. Et j'ai beaucoup de gratitude pour la partie de moi qui m'a poussée à lâcher quelque chose qui ne me convenait plus pour me diriger vers un horizon de vie meilleur pour moi. Je l'en remercie énormément. Et quelle a été ma surprise pendant ces 1 an de vadrouille à travers le pays que de rencontrer beaucoup de gens qui ont été dans mon cas, qui ont quitté un mode de vie allant à l'encontre de leurs valeurs pour découvrir d'autres choses et en créer de belles à leur image. Une multitude de gens, et d'âges différents ! Oui ! Merci à eux pour tous ces beaux témoignages de vie... Alors, manifestement, je n'étais pas la seule (et je ne serai pas la dernière) à prendre conscience que certaines choses ne tournent plus rond sur notre belle planète et à me mettre en action pour faire ma part, aussi petite soit-elle.

Coucher de soleil en Ardèche, l'été dernier (Août 2014)

Nous avons rencontré des personnes toutes différentes les unes des autres, avec des points de vue sur notre société différents, des modes de vie différents, des projets de vie différents... Tous m'ont plus ou moins inspirés. Petit à petit je me dessine un horizon de vie vers lequel je veux tendre. Un horizon très diversifié, tant sur le plan personnel et professionnel que sur l'habitat, l'alimentation, l'autonomie énergétique, les enfants... 

Une de nos plus grosses avancées en un an se porte sur l'habitat : comment et pourquoi se loger dans une maison qui nous convienne sur plein de plans différents. Depuis le mois de janvier 2015 nous ne faisons quasiment que des chantiers participatifs. En quelques mois, j'ai acquis et accumulé des connaissances en construction de maisons en paille. J'ai abordé différentes techniques de construction. J'en retire les points forts et les points faibles. Nous avons été sur des chantiers qui étaient suivis pour certaines étapes par des professionnels et sur des chantiers en totale autoconstruction. J'en tire également les avantages et les inconvénients. Petit à petit nous mûrissons notre propre projet d'habitation. Début mai, par un weekend particulièrement pluvieux en Dordogne qui nous a contraint à rester dans notre petite maison roulante, nous avons commencé à dessiner les premiers jets de plans de notre future maison. Ces plans se précisent un peu plus à chaque nouveau chantier, à chaque rencontre de personnes compétentes dans ce domaine. Nous affinons au fil de nos expériences les techniques que nous envisageons d'utiliser. Nous nous construisons petit à petit un réseau de personnes ressources, pour plus tard, lors de la réalisation de nos différents projets, si le besoin se fait sentir. Et tout ça me passionne !

Chantier montage de murs en bottes de paille,
Hautes-Pyrénées, juin 2015

Les premiers jets de plans passent de notre esprit au papier ! Mai 2015

Une autre importante avancée pour moi est mon avenir professionnel. Il se construit doucement et sûrement. Depuis peu, les choses se présentent à moi avec simplicité et facilité, une belle preuve que ce chemin choisi est le bon pour moi. Je vais donc commencer fin août prochain une formation d'herboriste par correspondance sur deux ans tout en commençant mon activité de production et transformation de plantes médicinales. Je rencontre régulièrement au fil de notre route d'autres producteurs/transformateurs ou des personnes ayant des connaissances dans ce domaine. C'est très intéressant et motivant ! Je commence à fournir notre petit placard de camping-car réservé pour les livres en bouquins sur les plantes médicinales. Le placard était bien plein, mais là... ! Plus j'en apprends, plus ça me passionne !

Échinacée, plante renforçant le système immunitaire. Chez Jenn et Matthieu, Ardèche, août 2014

J'essaie d'identifier de nouvelles plantes. Hautes-Pyrénées, juin 2015

Un de nos buts est aussi de découvrir un maximum de régions et de voir celle qui nous appelle pour nous sédentariser à nouveau. De mai 2014 jusqu'à fin avril 2015 nous n'avions pas eu de révélation. Nous avions alors séjourné en Ardèche, dans la Drôme, en Bourgogne, en Sologne, en Mayenne, dans les quatre départements de la Bretagne et dans le Lot. Fin avril dernier nous nous sommes dirigés vers la Dordogne et, avant même de passer la limite du département, je crois que nous savions déjà que nous voulions y poser nos valises. Cette impression s'est confirmée en y séjournant pendant un mois, plus particulièrement dans le Périgord Vert. Ce dernier se situe dans le nord du département, un peu plus isolé du tourisme estival de la vallée de la Dordogne et beaucoup plus vert (d'où son nom !), recouvert de forêts de feuillus (majoritairement des châtaigniers) et d'une multitude de sources d'eau, de lacs et d'étangs. Un lieu propice à mon activité professionnelle, je trouve, tant sur la production et la cueillette sauvage (le département abrite une flore très riche) que sur les débouchés de ventes (nombreux grands marchés hebdomadaires avec Périgordins et touristes, nombreuses boutiques bio, nombreuses foires aux plantes, etc)

Quelque part dans le Périgord Vert...
(cette photo est tirée du web, je n'ai pas pris le temps de faire
de beaux clichés pendant notre séjour en mai dernier)

Nous envisageons donc de continuer nos apprentissages en chantiers participatifs jusqu'au mois de septembre puis de retourner en Dordogne à partir de cet automne, pour ne plus la quitter ! Nous aurons alors encore beaucoup à apprendre et nous pensons continuer un peu les chantiers et les rencontres dans le secteur environnant en parallèle d'une recherche de lieu pour nous poser.

Cette année de "pas de côté" a aussi été très riche en développement personnel. J'ai beaucoup appris sur moi-même, mes besoins premiers, mes envies de vie, mes points forts mais aussi mes limites, mes points faibles... et comment les accueillir et y travailler. Ce sont de belles découvertes de soi. Entre beaucoup d'autres choses, j'ai découvert (ou bien consciemment redécouvert) que mon Elément est l'Elément Terre. Ce qui me conforte dans mes choix de vie. D'ailleurs, je pense que le travail que j'ai quitté l'année dernière fait aussi partie de cet Element Terre. Mon chemin de vie devait passer par là pour continuer ensuite là où j'en suis aujourd'hui. Tout est pour le mieux...

Ah, cette suite de vie n'a pas toujours été toute rose ! Mais peu ont été les moments un peu difficiles pour moi. Il y en a eu quelques-uns cet hiver. Par exemple, le temps humide, froid et venteux de la Bretagne où nous sommes restés de janvier à mars. Cette météo a un peu mis mon moral à l'épreuve. Mais les belles rencontres et découvertes en parallèle l'ont précieusement rééquilibré.

Le long de la côte Bretonne, janvier 2015

Et il y a eu justement ce départ pour la Bretagne après le 1er de l'an qui n'a pas été facile au début. Nous venions de passer plusieurs semaines chez mes parents, à wwoofer certes, mais avec un toit bien chaud au-dessus de la tête pour dormir ! Et puis nous nous lancions en Bretagne avec en tout et pour tout un seul contact. Ceci était un peu déroutant, sachant que les 6 derniers mois nous nous planifiions nos semaines assez longtemps à l'avance pour être sûrs de ne pas se retrouver sans rien à un moment donné. Nous voulions alors tester une nouvelle approche : celle du bouche à oreille, du lâcher prise sur notre emploi du temps. Mais mes doutes et inquiétudes se sont bien vite envolés quand nous avons été rapidement submergés de contacts (j'exagère à peine !), de gens à aller rencontrer, de gens à aller aider sur leurs chantiers voire de maisons en paille terminées à aller visiter... Nous avons du faire des choix et n'avons pas pu tout faire ou voir avant de quitter la Bretagne et de descendre un peu plus vers le sud... où nous avons, au mois d'avril, retrouvé le soleil ! L'humidité hivernale de la Bretagne a vite été oubliée ! Que les Bretons ne s'y méprennent pas : nous avons été très enthousiastes de notre séjour chez vous ! C'est seulement qu'en camping-car c'est plus compliqué, surtout au réveil avec du givre au dessus de notre tête à l'intérieur du camion ou quand on doit tous les matins éponger la condensation de toutes les fenêtres ! Mais ça nous fait de belles anecdotes bretonnes ! 

Autre chose, qui moi me passionne dans ce voyage, c'est la découverte de plein de paysages et de particularités touristiques. En un an, nous avons pu voir une multitude de lieux tous plus magnifiques les uns que les autres : par exemple les gorges de l'Ardèche, le pied des montagnes des Alpes-de-hautes-Provence, la région du Diois près du Vercors, les grandes étendues boisées de la Sologne, les côtes rocheuses de la Bretagne et son coeur mystérieux, les causses et les vallées du Lot, les vallées de la Dordogne et, récemment, les vignes de la régions Bordelaise (je découvre et j'apprécie petit à petit la dégustation du vin !), les landes et leur histoire (racontée à l'écomusée de Marquèze au coeur de celles-ci) et au moment au j'écris ces lignes nous sommes en route pour les Pyrénées (un chantier de montage de murs en bottes de paille nous attend). Nous devrions rester dans le sud jusqu'à septembre prochain, des Pyrénées au sud-est de la France.

Vue depuis le Puy Marie, Cantal, juillet 2014

Une dernière chose à partager : c'est la foule de recettes culinaires différentes que j'apprends au fil de nos rencontres ! Alors c'est avec plaisir que vous pourrez venir nous rendre visite dans notre futur chez nous et déguster les petites spécialités de nos rencontres !

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Un an de voyage... Waow. Avant de partir, c'était le train-train quotidien. J'étais dans ma zone de confort (voir cet article sur ce sujet) : moto, appartement, soirées/weekend jeux vidéo et sorties plus un boulot qui me déplaisait... mais bon. Après tout, qui aime aller à son boulot, dans cette société ? Je me croyais bien incapable de voyager, de travailler dehors par (presque) tous les temps, d'aimer travailler avec mon corps, mettre les mains dans la paille et la terre. Et puis...

Mon quotidien en 2013

« Être heureux, ce n'est pas nécessairement confortable » titrait le second livre de Thomas d'Ansembourg (élève de Marshall Rosenberg, fondateur de la Communication Non Violente). Pour moi, c'est bel et bien le cas. Je me confronte quotidiennement à mes enfer-mements, mes conditionnements, mes peurs, mes colères, mes réactions corporelles que je ne comprends pas encore toujours clairement. Bien trop souvent à mon goût, mon cerveau "s'éteint" laissant mon corps faire machinalement. Parfois, ce sont carrément mon cerveau ET mon corps qui "s'éteignent" en même temps, me donnant le sentiment d'être inerte, un meuble encombrant, sans réussir ni à réfléchir ni à penser. Psychosomatique ? Fatigue nerveuse ? Fatigue physique ? Mémoires cellulaires de ma vie, mes vies précédentes, mémoires généalogiques ? Je pense que j'ai pas mal de pistes et un petit mélange de tout ça. Ces explorations quasi-quotidiennes me prennent du temps et beaucoup d'énergie... pourtant je ne me suis jamais senti aussi heureux de toute ma vie !

En bonne partie grâce à ce voyage, j'ai appris à m'accueillir de mieux en mieux dans mon rythme d'apprentissage, à sentir plus souvent ma limite subtile entre dépasser mes premières difficultés et l'auto-flagellation destructrice. Petit à petit, j'ai également accepté mes erreurs... oh, ça oui ! Mais j'ai aussi et surtout accepté mes réussites ! J'ai accepté de me découvrir plus endurant que ce que je pensais, plus fort, plus malin, plus libre. Accepté de me surprendre moi-même dans mes capacités ! Mon parent intérieur a agi avec mon enfant intérieur comme j'aimerais agir avec mes enfants : le laisser vivre sa vie pleinement et être là pour lui, simplement, sans le juger ni le punir. Je me passionne à apprendre le langage et les techniques du bâtiment, des fondations jusqu'au toit. Je dévore "La conception bioclimatique", je monte nos premiers plans de maison en 3D, je prends des notes, bref : j'apprends, je travaille, je joue, je m'amuse, j'évolue !

La conception bioclimatique, faut s'accrocher mais qu'est-ce que c'est bon !

Mon quotidien en 2015...

... qui change pas mal de rester
assis derrière un écran !

La vie en camping-car a été particulièrement dépaysante, c'était déjà beaucoup sortir de ma zone de confort. Y vivre plus d'un an, par tous les temps... Je m'y suis fait. Ce qui n'enlève rien à mon impatience de me re-sédentariser qui se fait de plus en plus forte ces dernières semaines. Ça me rappelle mon année de terminale au Lycée Autogéré de Paris. Un lieu de vie salvateur qui m'avait permis de sacrément mûrir, pour lequel j'avais toujours beaucoup d'amour tout en me sentant de moins en moins à ma place là-bas. Quand j'avais fait part des cet inconfort à Françoise, ma tutrice, prof d'arts plastiques, elle m'avait répondu toute enjouée : "Mais c'est génial ! Heureusement que tu commences à ne plus te sentir bien ici. Ça veut justement dire que le temps est venu pour toi d'évoluer vers une autre étape de ta vie !" Me rappeler de Françoise me permet d'avoir énormément de gratitude pour Nijeli (notre camping-car), qui continue de m'abriter, de me déplacer, de stocker mes affaires de vie et qui me permet de vivre ces choses magnifiques en compagnie de ma douce Charlotte.

Merci à elle d'être qui elle était, qui elle est, et qui elle sera.

Comme vous pouvez le voir, vivre en camping-car c'est pas facile tous les jours. ^^

Vieillir est obligatoire mais grandir est un choix. Youssoupha (rappeur franco-congolais)

Juin 2015...