Des murs en mélange terre-paille

Pour les deux premières semaines d'août nous remontons dans un tout petit village du sud Gironde où Carol et Aurélien rénovent une grande grange landaise. Pendant trois semaines ils accueillent des bénévoles, comme nous, pour les aider à monter les murs extérieurs sur une partie de leur grange. Nous étions en permanence plus de 10 personnes à travailler sur ces murs faits de paille et de terre mélangés, technique du terre-paille. 

Nous avions déjà un peu abordé la technique sur le chantier que nous avions fait en Dordogne (voir ici). Ce principe nous intéresse beaucoup pour nos propres constructions et nous voulions le tester sur une plus longue période pour s'immerger complètement. 

Nous étions répartis sur deux postes principaux : fabrication du terre-paille et montage des murs avec cette matière. 

Pour le terre-paille, la recette est simple : on prépare dans une bétonnière un mélange eau et terre argileuse jusqu'à obtenir un liquide d'une certaine consistance (appelé barbotine) que l'on va verser dans la baignoire posée juste derrière. On trempe ensuite de la paille dans la baignoire, on l'imbibe bien de cette eau argileuse puis on la laisse s'égoutter sur des palettes et légèrement fermenter au moins une demi-journée. Ensuite, la matière est prête à être utilisée pour fabriquer les murs.

Pour le montage des murs, on fixe des banches (ou coffrages) de chaque côté de la structure bois avec un espacement de 30 cm pour les murs périphériques et 15 cm pour les cloisons intérieures. Le mur terre-paille fera donc 30 ou 15 cm d'épaisseur. On met le mélange terre-paille entre ces banches en tassant bien à la main, avec des bouts de bois ou même en montant dessus si c'est possible ! 

Après le débanchage, voilà le résultat : 

On voit ici les entretoises (en rouge) qui ont permis de fixer les banches aux montants en bois avec un espacement de 30 cm (ou 15, donc). Celles-ci sont enlevées et les trous seront bouchés avec un mortier quand le mur sera sec. 

Le terre-paille sera ensuite enduit.

À l'étage, nous sommes ici arrivés au bas du toit et remplissons les dernières banches (les plaques blanches).

Ce mur est un bon compromis entre isolation et inertie : la paille seule isole mieux mais n'a aucune inertie. Quant à la terre seule, elle aura beaucoup d'inertie mais n'isole presque pas.

Cette technique est simple à mettre en œuvre mais demande beaucoup de temps et est assez répétitive, d'où le fait d'être beaucoup de petites mains ! Et puis à plusieurs c'est plus sympa. 

Il y a quand même des points particuliers plus difficiles auxquels ils faut apporter plus d'attention : les dessous de fenêtres par exemple ou les jonctions entre deux murs...

L'ambiance sur le chantier est importante, ça motive les troupes ! Ici petit salon et cuisine en plein air. Les repas nous étaient préparés par Bernard, il nous concoctait toute la journée de bon petits plats pour le midi et le soir. La bouffe sur un chantier c'est TRÈS important ! Un bon repas et hop c'est reparti pour du tassage de paille !   

Nous avons rencontré ici beaucoup de gens avec qui partager, échanger nos idées, projets... Merci à eux et un grand bravo et merci à Carol et Aurélien pour ce beau et grand chantier, joyeux et riche en expérience ! Merci Bernard pour tes journées aux fourneaux !